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mieux ! et nous disons sympathiquement pour M. Feydeau lui-même, car l’absence de talent suffisant pour être dangereux dans le livre qu’il publie aujourd’hui, lui constitue une espèce d’innocence… Il a bien assez de répondre des intentions et des idées de ce livre.

Mais au moins c’est fini ! Le Manfred bourgeois croisé de Werther, qu’il a appelé Daniel, ne sera pas la floraison et l’épanouissement d’une branche de plus sur cette vieille souche de types connus et coupables, et qu’il faut à présent couper au ras de terre pour tout le mal qu’elle nous a fait.


XI

Savez-vous ce que c’est que le Favoritisme en littérature ?… Un jour, un homme éminent, d’un talent aussi connu… que le soleil, d’une réputation fixée, un pouvoir toujours, sinon toujours une influence, se prend pour un débutant quelconque de ce caprice de bienveillance qu’ont parfois les gens arrivés pour ceux qui partent, ou du caprice d’imagination de qui fut poète avant d’être critique, et, par le fait seul de ce caprice, voilà que le bruit se fait et s’étend autour du grelot que l’homme célèbre a attaché à son favori ! Là, comme ailleurs, du reste, moins est le favori, et plus est le favoritisme.

Un critique célèbre, M. Sainte-Beuve, nous a donné récemment le spectacle de cette dernière grâce un peu tombante des pouvoirs, blasés ou séduits,