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et que, pour la délicatesse des sentiments et l’adoucissement des touches amollies, la plus femme des deux n’était pas la femme. En effet, on eût dit qu’ils avaient fait un mystérieux échange, et qu’elle lui avait laissé la grâce pour le dédommager de lui avoir emporté son nom !

Eh bien ! c’est cette délicatesse, qu’il a eue autrefois, et que nous nous attendions à toujours retrouver chez M. Sandeau, que nous avons vainement cherchée dans le nouveau roman qu’il publie. La Maison de Penarvan n’est pas seulement un livre manqué sur un sujet qui pouvait devenir charmant, s’il eût été touché par une main habile ; mais, le croira-t-on ? c’est un livre où nous trouvons justement le défaut le plus opposé à la qualité le plus ordinaire à M. Sandeau. Qu’il me permette de le lui dire, il y a je ne sais quelle épaisseur et quelle grossièreté dans ce roman qui, de conception et d’idée première, devait s’élever en plein idéal.

Quel est le fond de ce livre, en effet ? Quels sentiments y sont montrés dans leurs développements, leurs expansions et leurs luttes ? Les plus nobles de tous les sentiments qui aient jamais agité le cœur des hommes. C’est la fierté des grandes races tombées et qui meurent comme le Gladiateur antique, sur la poussière de tout, mais dans la splendeur de l’attitude ; c’est le dévouement à la famille féodale dans un cœur simple et religieux demeuré fidèle ; c’est l’amour de l’épouse qui résiste à la puissance maternelle en lui demandant pardon de lui résister ; et, pardessus toutes ces noblesses, qui s’opposent les unes aux autres et par leur collision produisent le mal de la