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de remonter de cette poésie de l’expression pure vers la poésie plus mâle de la pensée et de préférer désormais aux difficultés, cherchées pour les vaincre, du rhythme, les inspirations victorieuses des sentiments auxquels il est impossible de résister !

L’auteur des Colifichets est poète sous les deux espèces, et on le sent en maint endroit de ces poésies physiques où ce Rubens du rhythme violenté n’a pas emporté et étouffé dans ses étreintes l’âme du Rêveur divin que je préfère à tous les Rubens ! Seulement c’est assez comme cela de volonté, d’énergie appliquée, de matérialité brillante ! Il y a mieux que de produire l’ivresse dont j’ai parlé comme l’ayant éprouvée, car il y a toujours un peu d’étourdissement dans l’ivresse. A présent que M. Amédée Pommier, le rude joueur de rimes, a fatigué de ses jeux jusqu’à la Grâce qui les a rendus si charmants, il faut que cette Grâce épuisée tombe aux pieds de la Profondeur et reprenne son rang derrière elle.