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inamissible, inexorable, éternel. Parce qu’il n’aura pas fait fléchir l’austère notion chrétienne dans un livre blasphémateur, on l’accusera de matérialisme, car, pour être spiritualiste aujourd’hui, il faut écrire La Fin de Satan, et renoncer à cette gloire de saint Paul dont MM. Pierre Leroux et Jean Reynaud croient avoir dégoûté le monde. Pour nous qui n’y avons pas renoncé, et dont c’est la foi et c’est l’espérance, nous avons lu le poëme fulgurant de L’Enfer par M. Amédée Pommier avec l’âpre plaisir que donne un livre de moralité sévère dans un temps où tout s’est énervé, et nous savons si le matérialisme est le vice du livre et du poète. Certes, son défaut n’est pas là ! L’inspiration de M. Amédée Pommier est irréprochable. Excepté une ou deux strophes trop dantesques dirigées contre les papes, et qui font tache dans l’œuvre éblouissante, nous n’en voudrions rien effacer. Hélas ! on appartient toujours à son temps par quelque souillure, mais un homme de la valeur de M. Amédée Pommier devait s’élever au-dessus du sien et n’en pas répercuter dans ses beaux vers les mensonges ou les ignorances.

V

Après L’Enfer, M. Pommier a publié, en ces derniers temps, les Colifichets ou Jeux de rimes. Un titre modeste ! Fiez-vous-y ! Mais si, comme je le crois, il n’y a rien de plus puissant, dans le monde, sur l’imagination