Page:Barbey d’Aurevilly - Les Poètes, 1862.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

Émailleurs et des Volontaires, car il n’y a que deux Écoles ou, pour mieux parler, que deux Vocations en poésie, les Volontaires et les Inspirés. M. Soulary est de l’École des Baudelaire, des Grammont, des Banville, qui reconnaît pour chef le grand incrusteur, M. Théophile Gantier, — et quoiqu’il ait probablement vécu loin du foyer commun des théories où l’on réchauffe les enthousiasmes quand ils sont sur le point de se glacer, M. Joséphin Soulary fut un des plus acharnés de l’École, puisqu’il se moula en sonnets, tout entier, et qu’il ne permit pas d’autres manières de se produire à son génie. Il l’a dit, du reste, en vers charmants :

Je n’entrerai pas là, dit la folle en riant,

Je vais faire éclater cette robe trop juste !

Puis elle enfle son sein, tend sa hanche robuste,

Et prête a contre-sens un bras luxuriant. J’aime ces doux combats, et je suis patient :

Dans l’étroit vêtement qu’à son beau corps j’ajuste,

Là serrant un atour et là le déliant,

J’ai fait passer enfin tête, épaules et buste ! Avec art maintenant dessinons sous ces plis

La forme bondissante et les contours polis ;

Voyez ! la robe flotte et la beauté s’accuse. Est-elle bien ou mal en ces simples dehors ?

Rien de moins dans le cœur, rien de plus sur le corps !

Ainsi j’aime la femme, — ainsi j’aime la Muse !

C’est évident qu’elle est entrée !