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tombé à genoux, car tomber à genoux implique la foi, et se mettre à genoux n’implique que la convenance ! Le voilà, le mystère et le mot des Consolations, de ces poésies de mélancolie modérée, d’honnête ferveur et d’élégance réussie ! A la désolation du Werther indécis qui agaça la languette de son pistolet, mais qui ne lira pas, à la sauvagerie hagarde du solitaire de la plaine crayeuse de Montrouge, qui, le soir Venu, s’apprivoisait sous les réverbères des faubourgs, a succédé la convenance sociale, religieuse et poétique, d’un faiseur de vers voués au blanc et qu’on peut donner sans inconvénient aux jeunes filles qui n’ont pas besoin d’être consolées…

La seule convenance que je n’y trouve pas, c’est l’emploi abusif et presque insolent des images empruntées à ce que nos Évangiles ont de plus divin pour dire… quoi ? que M. de Vigny aborde le drame ! … Faute même de rhétorique, dans toute cette rhétorique qui laisse le cœur froid et n’a jamais consolé personne, pas même le poète qui n’est plus cet énergique fouilleur d’âme que nous avons connu, mais un artiste qui sertissait des mots, quand il fit ces Consolations.

VII

Et cet artiste en mots a diminué encore (comme le poète dans Les Consolations avait diminué) dans le troisième recueil, publié par M. Sainte-Beuve, en ces Pensées d’août qu’aucun soleil d’août n’avait besoin de brûler