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de La Religion naturelle, qui n’est qu’un catéchisme à l’usage de ceux qui n’ont pas la tête faite pour la philosophie et de ceux qui n’ont pas le cœur fait pour la religion !


II

En effet, ni philosophie positive, ni religion positive, et la manière de se passer de toutes les deux, élevée à l’état de théorie, voilà d’un mot tout le livre de M. Jules Simon, qu’il appelle La Religion naturelle, et qui pourrait très-bien, sans jeu de mots, dispenser du devoir qui a dû le suivre, car, quel que soit l’ordre de succession dans la publicité, il est certain que le devoir est la conséquence de la Religion naturelle, au moins dans la tête de l’auteur ! D’ailleurs, à défaut d’une idée, cette mère robuste d’une idée, c’est le même sentiment qui les a inspirés. « Si je pouvais, — nous dit M. Simon dans la préface de sa Religion naturelle, avec ce ton plus doux qui n’appartient qu’à lui, et qui fait de la voix de son confrère, M. Saisset, un miaulement tigresque, — si je pouvais seulement ranimer une espérance… pacifier un cœur souffrant, je croirais que ces humbles pages n’ont pas été entièrement perdues. » Et dans la préface du Devoir : « J’ai combattu ces impiétés (l’impiété d’avoir condamné cet hérétique d’Abailard et Descartes !!) pendant dix-sept ans d’enseignement… Je dédie à cette éternelle cause mon humble livre… » Toujours l’humilité. M.