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anéantir, sauve tout, en sauvegardant le dogme. — le dogme éternel ! Certes, M. Taillandier, qui est un professeur et un lettré, n’a pu rester en de si profondes ignorances ou tomber dans des oublis si légers, et je sais bien quel mot la Critique pourrait lui infliger, si elle ne savait aussi la triste faculté de se faire illusion qu’ont les hommes, et ceux-là même dont la tête a le moins de fécondité !

Du reste, il n’y a pas, dans cette introduction aux fragments d’histoire et de philosophie religieuse, que l’erreur souche du point de vue principal. Sur la grosse erreur, M. Taillandier en a brodé fort bien de petites, comme on brode sur un fond de perles des perles plus fines. Il n’y a que les perles qui manquent ici. M. Taillandier n’a pas même la perle de l’erreur. Il n’en a que la verroterie. Croira-t-on, par exemple, que dans sa fameuse introduction il ait confondu honteusement le monde religieux et le monde politique ? Croirait-on qu’il compte deux sortes d’esprits dans le dix-huitième siècle ? Et pourquoi pas trois ? pourquoi pas dix ?… A quel fond de choses réelles vont ces vieilles rubriques. usées comme pantoufles par les sophistes du temps, et qui sont chez M. Taillandier les procédés ordinaires ?… Spiritualiste de prétention, spiritualiste que nous connaissons bien, et dont toute la visée et tout l’espoir est de spiritualiser tellement le christianisme qu’il n’en reste absolument rien, il pouvait s’épargner ces comédies de queue que les renards jouent aux dindons ; il pouvait s’épargner les filières par lesquelles il veut faire passer sa pensée… qui n’y passe pas et que nous voyons toujours !

Parlons maintenant sans ironie. L’amour du christianisme