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de la philosophie, mais qui est plus qu’une autre la langue de la propagation et de la foi.

Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, est un des écrivains catholiques les plus éminents de ces dernières années. Il a laissé, presque dès son début, des traces trop vives et trop profondes dans l’opinion contemporaine, pour qu’on pût oublier de réunir les écrits dus à cette plume brillante que la mort a si tôt brisée, et qu’il eût brisée lui-même, s’il avait vécu davantage, tant elle satisfaisait peu son âme sainte ! D’un bien autre génie que Silvio Pellico, mais d’une humilité non moins touchante, le marquis de Valdegamas avait plus de confiance dans une dixaine de chapelet, dite d’un cœur fervent, que dans tous les étalages de la pensée. Et il avait raison ! Mais ses amis qui le publient aujourd’hui n’ont pas tort pourtant de le publier. Ils savent que Dieu, pour traverser les cœurs, met dans nos carquois toutes sortes de flèches, et que la flèche du Talent pénètre encore, après les plus perçantes, — celles de la Prière et de la Charité !

Du reste, catholiques avant tout, ils n’ont point publié les œuvres complètes du marquis de Valdegamas. Ils ont laissé la littérature de l’homme exclusivement littéraire (Donoso Cortès l’avait été un moment), et ils n’ont pris dans ses travaux que ce que le Catholicisme a animé de son inspiration toute-puissante. Ils se sont donc strictement renfermés dans l’œuvre catholique de Donoso, trouvant le reste de peu de signifiance, même pour sa gloire. En cela, ils ont sainement jugé.

Donoso Cortès, cet écrivain incontestablement supérieur par un talent qui touche au premier ordre, cet