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comme l’Hercule de la chair. Il meurt de son baiser à la terre. Quand il l’étreint trop fort, il étouffe dans toute cette poussière sa vigoureuse spiritualité. Aveuglés par leur long tête-à-tête avec des organes et des phénomènes, la plupart des médecins ont, depuis Bacon et son observation raccourcie, dégradé la science dont ils relèvent, et ils l’ont réduite à n’être plus qu’un empirisme superficiel et grossier. Le Matérialisme païen qui, en renaissant, devait reparaître plus monstrueux que la première fois, puisqu’il renaissait dans une société chrétienne, est scientifiquement plus grand dans les écrits de Van Helmont et de Boërhave qu’il ne l’était, par exemple, sous la plume d’Hippocrate et les traditions de l’école de Cos. Filtrant partout comme la boue du Nil, dans les inspirations des poètes, dans les chefs-d’œuvre des artistes, dans les mœurs des classes élevées, pour retomber de là dans les peuples, comme, de l’élégante cuvette d’une fontaine, l’eau ruisselle dans les profondeurs d’un bassin, le Matérialisme, qui cherchait son lit, en a enfin trouvé un, qui semble éternel, sur le marbre des amphithéâtres. En supposant que l’intelligence humaine soit un jour nettoyée de cette doctrine immonde, les médecins seront les derniers à en essuyer leur pensée. A prédire cela, croyez-le bien, il n’y a ni exagération ni imprudence, et la preuve en est dans le livre que M. Tessier publie aujourd’hui. Nous l’avons lu et nous en sommes resté accablé. On y trouve exposées et réfutées les doctrines des professeurs les plus influents sur l’enseignement et sur l’opinion, et ces doctrines sont matérialistes, — immuablement matérialistes, — comme si