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entendre, puisque, dans la magnanimité de son intelligence, il vient s’asseoir là, devant vous ? Or, le conseil a-t-il immergé dans le champ du télescope ? Le sol de l’observation n’a-t-il pas tremblé sous les pas de l’observateur ?

Le P. Ventura, qui veut enseigner le pouvoir politique au détenteur providentiel de ce pouvoir qui l’a ramassé sur la plage comme une épave en miettes dont il faut rapprocher et réorganiser les débris, le P. Ventura, publiciste après coup, après le sermon, puisqu’il le fixe sous nos yeux dans un livre qu’il revoit, corrige, orne de notes, et qui est enfin un traité ni plus ni moins que le livre du premier publiciste venu, écrivant dans la confiance de sa pensée, le P. Ventura ne serait-il pas un peu embarrassé si on lui disait : « C’est bien ! mais prenez la plume encore et formulez vos conseils en lois. Voyons ! allez, rédigez le décret. Il faut léguer la paix au monde avec une dynastie. Écrivez le testament politique qui va assurer cette survivance nécessaire au monde, si le monde n’est pas condamné. Nous sommes attentifs, mais vous, soyez formel. Publiciste de celui qui a dit : Gardez mes commandements, et vous vivrez, sur quel article du Décalogue baserez-vous la longévité politique de l’établissement impérial ? Tout est là, sans doute, pour vous, prêtre. Ce n’est pas tout que de descendre du Sinaï ; il faut y remonter. Le Pater noster a-t-il des échos ici-bas ? Éclairez-nous… Est-ce trop demander ? N’êtes-vous pas le canal de la Constituante éternelle, le truchement de Dieu, son porte-voix ? »

Encore une fois, si les sermons du P. Ventura n’étaient