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nom de quelque chose de constitué, de collectif et d’officiel, avec quoi non-seulement l’avenir, mais le présent, fût obligé à compter. Quoique le paletot soit boutonné par-dessus la tunique, l’incognito laïque de M. Enfantin ne veut pas être gardé… Il y a dans cette mise en scène de jolies finesses. La signature de la brochure (P. Enfantin), veut aussi bien dire Père Enfantin que Pierre ou Paul Enfantin. Un bout du prêtre passe, comme un bout de décoration !

Écoutez ces solennelles paroles : « En parlant de nos travaux productifs, dit M. Enfantin (page 44 de sa brochure), je peux les comparer aux tentes que saint Paul tissait et vendait pour vivre, pour avoir la force de semer partout sa parole de vie… Alors pour lui, comme aujourd’hui pour nous, la foi ne donnait pas de quoi vivre. Ce fut longtemps après saint Paul que l’on put dire : le prêtre vit de l’autel… Êtes-vous bien certain que nous n’employons pas le produit de nos tentes, d’une part à protéger notre foi qui n’est pas salariée, comme le sont plusieurs et spécialement la vôtre, de l’autre à guérir, à soutenir, à relever nos pauvres, à qui nous n’infligeons pas la discipline et à qui nous ne conseillons pas de se l’infliger à eux-mêmes ?… »

C’est ainsi que M. Enfantin, l’ex-pape saint-simonien, se pose à nouveau, non pas en saint Pierre de cette fois, mais en saint Paul de l’Église future qui doit prochainement succéder à la vieille Église chrétienne, et déclare aujourd’hui avoir — comme prêtre ! — non pas charge d’âmes (le mot serait trop chrétien), mais charge de corps, charge de chair souffrante. Oui, à en croire cette déclaration, onctueusement superbe, où