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l’histoire, et rien derrière, absolument rien, en sa qualité de philosophe positif !

Et vraiment, je ne voudrais pas rire dans ce sujet, je voudrais être sérieux ; mais le comique positiviste est plus fort que moi. Une nomenclature n’est pas, n’a jamais été une philosophie, et je ne reconnais d’autre mérite à M. Comte, si mérite il a, que celui d’une nomenclature. Ôtez à ce penseur pillard et frelon celle qu’il a faite des sciences et dont j’ai parlé plus haut, au commencement de ce chapitre, mathématique, astronomie, physique, chimie, biologie, science sociale et morale, qu’il classe en sciences abstraites et concrètes, et il n’a plus que les idées d’autrui, qui ne se cachent pas. En morale, où il n’invente pas plus qu’en métaphysique, par exemple, M. Comte donne à ce que nous, chrétiens, appelons de ce beau nom de charité, tombé du dictionnaire des Anges dans la langue des hommes, le nom grotesque, inventé par lui, d’altruisme.

Eh bien ! en matière d’idées, M. Comte est un altruiste. C’est un altruiste intellectuel. Quoi donc lui appartient dans son système ? Est-ce la division du pouvoir en pouvoir spirituel et pouvoir temporel, qu’il dit d’ordre majeur, la grande affaire, et que le Moyen Age a léguée au monde moderne ? Est-ce la conclusion à laquelle il aboutit : la reconnaissance de cette distinction des pouvoirs et l’abolition de toute doctrine officielle ? Est-ce l’idée que le gouvernement actuel doit abandonner le rétablissement de l’ordre intellectuel à la libre concurrence des penseurs indépendants, ce qui prouve, par parenthèse, qu’il n’y a rien de plus près d’un imbécile qu’un sectaire ?… Est-ce même sa définition