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car il avait cette faiblesse d’aimer la parure, qui fut la faiblesse de tant de grands hommes. C’est ainsi que vécut Buffon, c’est ainsi qu’entre la société et la nature, mais plus loin de l’une que de l’autre, il atteignit cette vieillesse qui devait être longue et qui lui alla mieux que la jeunesse, tant ce grand esprit d’ordre et de paix majestueuse paraissait plus grand dans le rassoiement de sa puissance par ces dernières années voisines de la mort, qu’au temps de la virilité !

De tous les sentiments qu’il permit à son âme, je crois que le plus touchant et le plus profond fut pour son fils, et c’est aussi la pensée de son biographe. Le sentiment paternel, si protégeant et si élevé, rentrait dans sa nature ordonnante et souveraine. Tous les autres devaient faire un peu grimacer son âme, comme les petits sujets faisaient grimacer son style. Il ne s’y adaptait pas. « Quand il met sa grande robe sur les petits objets, elle fait mille plis », disait gracieusement pour la première fois de sa vie, en parlant de lui, ce goitre de Suisse, Mme Necker.

III

Telle est en abrégé cette biographie dont on ne peut donner l’idée en quelques mots ; telle est cette œuvre d’agréable renseignement et de piquante justesse qui, selon nous, fait tout le prix de l’inutile volume des Manuscrits. Il n’en est point de même de l’autre volume de M. Flourens, Des idées et des travaux de Buffon. Ce n’est plus là seulement un ouvrage agréable ou piquant