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qu’il avait méditées, tant déjà les Chinois, de son temps, étaient pourris de vices, morts sur pied, irrémédiablement finis ! Or, depuis Confucius, la corruption, qui va toujours son train, n’a fait que ronger davantage ce cadavre de nation ! Comment donc cette histoire politique et sociale de la Chine, qu’il a étudiée, n’a-t-elle pas fait trembler quelque peu l’intrépide M. Martin sur l’efficacité et la solidité de cette morale, qui doit dans un avenir heureux remplacer glorieusement ces drôlesses de religions, chez tous les peuples !

En effet, il ne tremble pas. C’est un héroïque. Il croit à la morale par elle-même, et il y croit si dru qu’il n’est pas du tout frappé comme il devrait l’être de ce grand fait qui se retourne contre sa pauvre morale, la soufflète et la convainc d’impuissance, — le contraste qui existe et n’a pas cessé d’exister à la Chine entre la moralité enflée ou sentimentale des paroles et la scélératesse des actes ! Incroyable ou plutôt très-croyable préoccupation ! La niaiserie même de cette morale lui échappe, car, vous le savez, le Truism soleille en Orient ; la bêtise a dans ces contrées la beauté et la grandeur du climat, et les Chinois en particulier (à un très-petit nombre près de proverbes qui font exception au reste de leur littérature), les Chinois sont d’incommensurables La Palisse. Seulement ces La Palisse, en fait de maximes, ces tautologistes d’une imbécilité grandiose, sont doublés des coquins les plus déliés et les plus retors qui aient jamais existé.

Toute cette morale dont ils se chamarrent n’est donc pour eux que dé l’ornementation pure, pièces d’estomac,