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et une fois pour toutes l’histoire contemporaine en tout ce qui touche à l’Église.

L’ouvrage de M. l’abbé Gorini, malgré son titre, est moins un plaidoyer et un jugement après plaidoyer sur les choses de l’Église qu’un long mémoire à consulter. C’est un livre pour faire d’autres livres, mais en France on n’avance une idée qu’avec des livres qui sont faits. L’idée que M. l’abbé Gorini était si apte à établir dans la majorité des têtes par un livre autrement tricoté que le sien, l’idée que l’Histoire a été faussée tant de fois et sur tant de questions, par les mains révérées de ceux qui l’ont maniée avec le plus de puissance, parerait au mal actuel de son enseignement…

Et je dis actuel, car plus tard, il n’y a point à en douter, la critique de M. l’abbé Gorini portera ses fruits contre ceux qui l’ont suscitée. Cette critique, qui s’en prend aux textes et qui s’est faite aussi une aussi déliée, aussi imperceptible à l’œil nu ou inattentif, que ce tas d’erreurs, qui, pour peu qu’on les voie, nous aveuglent bien souvent comme la poussière, cette critique aiguë, suraiguë, à mille coups d’aiguille qui percent et déchiquètent à force de percer, l’Histoire contemporaine n’en a soufflé mot. Elle ne s’en est pas plus plainte que l’enfant qui avait le petit renard dans le ventre, il ne disait rien. Mais enfin il l’avait ! et elle qui, comme lui, en a souffert sans mot dire, plus tard, — dans l’avenir, — elle en souffrira bien davantage !

Les travaux de M. l’abbé Gorini ne s’envoleront pas. S’il n’a pas su les mettre dans un livre que tous pussent lire avec plaisir, un autre les y mettra. La Critique reste