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érudit, plus de consistance, de grandeur et de solidité que la vue première qui les a déterminées. Le critique n’a pas relevé le philosophe. En ces Études d’histoire religieuse, la négation dans le détail n’est ni plus imposante ni plus forte que l’affirmation dans les points de départ et les conclusions, de sorte que le livre, qui contient ces travaux construits avec tant de petites notions si laborieusement accumulées et qui se maintient avec tant de peine, entre toutes les opinions, dans un équilibre favorable à son influence, croule, pour peu qu’on le touche d’une main ferme, de tous les côtés à la fois !

En effet, prenez-le, et jugez ! Les grands morceaux du livre de M. Renan sont au nombre de quatre, les Religions de l’antiquité, l’Histoire du peuple d’Israël, les Historiens critiques de Jésus, Mahomet et les Origines de l’islamisme. Les autres ne sont pour ainsi dire que les satellites de ceux-là, et c’est dans ceux-là que le critique a le mieux exposé sa méthode en l’appliquant. Eh bien ! soyons de bonne foi, cette méthode et les résultats obtenus par elle dans ces quatre articles ont-ils rien qui doivent nous faire trembler, et ne pouvons-nous pas dire de cette méthode ce que nous avons dit de l’idée des Étude s religieuses, à savoir, que nous la connaissons et que nous avons traversé déjà tous ces atomes de poussière ? M. Renan proclame avec l’orgueil d’un homme d’aujourd’hui que la Critique est d’hier et qu’elle tient à cette haute indifférence (pourquoi haute ?) dans laquelle se trouve actuellement l’esprit humain. Tout en prenant ses précautions contre eux, il reconnaît, par l’admiration qu’il leur avouée, que Wolf et Strauss sont ses maîtres, Strauss, le