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CHAPITRE IV

Mme ÉMILE DE GIRARDIN[1]



I


Ce n’est pas la première fois qu’on lit le nom de Mme Émile de Girardin, dans cette histoire critique de la littérature au XIXe siècle. On le trouve dans le volume des Poëtes (3e volume des Œuvres et des Hommes, 1re série, les poètes), car, avant d’écrire en prose, Mme de Girardin était poëte et c’est là même sa meilleure gloire. C’est toujours la meilleure gloire de ceux qui le sont.

En effet, quoi de plus beau, même dans le talent le plus composé de facultés diverses, le plus brillant, le plus savant et le plus étonnant, que cet atome, céleste et mystérieux, qui manque souvent aux grands talents et que Mme de Staël, qui l’avait, appelait l’étincelle divine, — que ce rien qui est tout, qui se mêle à tout et qui fait qu’on est poëte ! Certes, quelle que soit la valeur, absolue ou relative, de ses œuvres poétiques, quels qu’en soient le faire et l’exécution, cette étincelle, cette pointe du diamant divin, Mme de Girardin l’avait ! Comme toutes les très-riches natures, développées à outrance par nos infernales civilisations, lesquelles nous donnent des ambitions encore plus nombreuses que nos puis-

  1. Œuvres complètes de Madame Émile de Girardin. — Tomes V et VI. — Les Lettres Parisiennes. — Chez Plon.