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Vous n’étiez que d’innocentes jeunes filles ; vous devîntes des êtres souffrants.

Depuis… mais pourquoi parler des jours qui suivirent ?… Depuis je vous ai entendue faire ce récit avec la mélancolie qui s’attache aux joies et aux peines écoulées. En relisant ce livre d’un poète que vous aimez, à ces poésies intimes qui vous plaisent est revenue se mêler l’idée de ce récit fait par vous comme une poésie aussi intime et plus douce, comme quelque sonnet parmi ceux-ci dont le sentiment a survécu au rythme brisé, mais (comme vous le voyez, madame !) dont je n’ai pu recueillir les débris épars. Voilà pourquoi j’ai écrit ces lignes ici même, espérant que l’amour de ce livre serait l’occasion qui vous les ferait lire quelquefois, et allant jusqu’à m’imaginer que vous les lirez comme on lit ce que l’on a écrit, soi, il y a longtemps ; car, si ce n’est pas toute votre pensée, au moins est-ce un peu de votre pensée ? L’âme est souvent comme les petits enfants qui aiment mieux leur voix dans l’écho : tout de même on accueille bien sa pensée quand elle revient tout affaiblie, mais reconnaissable encore, du cœur caché dans les lointains de la vie où habite l’écho invisible !