— enfoncera là-dedans sans faire autre chose peut-être qu’une trouée, car la boue ne résiste pas !
Et c’est peut-être là, du reste, l’apparente durée de
ce peuple étrange, qui est mort de la mort de l’âme, de
la mort sociale, et qui semble vivre toujours parce qu’il
n’a pas été dévoré par la conquête ou par la faim. Qui
sait si avant de s’abîmer ou de disparaître les peuples
ne restent pas quelque temps comme figés et conservés
dans leur propre corruption ? C’est leur fange même
qui les soutient. L’amas produit la cohérence, et voilà
pourquoi on les croit debout et solides quand ils ne
sont plus que des cadavres rongés, n’ayant plus assez
de poids pour tomber d’eux-mêmes, et devant se
répandre comme un liquide, au lieu de crouler comme
une chose qui se tient encore, quand un peuple vivant
— un peuple quelconque — les poussera de sa robuste
main ! C’est là sans doute aussi ce qui explique le peu
de foi qu’inspire à Huc cette révolution commencée
en Chine et dont il ne nous dissimule pas les progrès.
Pour lui qui connaît le pays, qui a plongé son bâton
de voyageur dans ce guano de tous les vices, cette
révolution dont on fait tant de bruit ne sera guères
qu’un de ces changements de dynastie si communs en
Chine. Quoi qu’en aient dit les écrivains européens
qui se prennent, comme des oisillons au miroir, au
mirage de leurs désirs et de leurs propres pensées,
elle n’a pas d’autre caractère. L’homme qui l’a provoquée
et qui la dirige n’est rien de plus qu’un grand