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ciation pénétrante qui ouvre le flanc à cette société qui a la mort dans les entrailles et qui a l’air de vivre si fort, il n’y en a trace nulle part dans la préface ou dans les notes de ce bel esprit superficiel. Nous avons dit plus haut ce dont il se préoccupe et ce qu’il admire, les innocentes contemplations auxquelles il se livre sur la beauté de ces compagnies qui charment aussi la grave raison de Cousin dans sa Madame de Longueville. Tant de légèreté en des esprits qui devraient être si mûrs nous étonne…

Dès le temps de Tallemant des Réaux déjà, pour les hommes d’alors qui savaient observer, mais surtout pour nous qui reprenons l’histoire à revers et qui pouvons la remonter de marche en marche, il est cependant bien aisé de voir que tout était fini de cette majestueuse société qui défilait si majestueusement encore le long des galeries de Versailles, couverte d’or, de pourpre et de soie, et dont la sanie tombée, les guenilles immondes, la poussière cadavéreuse, s’appellent si joliment des Historiettes sous la plume stupide d’un bourgeois sans portée qui veut s’amuser. L’individualisme dont Tallemant était l’expression et l’instrument à son insu, — car un tel homme ne se rendait compte de rien, — l’individualisme avait suffisamment rongé les institutions et les caractères. De 1572 à 1600, — et les Historiettes vont jusqu’en 1669, — le 93 moral, précurseur du 93 politique, qui n’est que l’écroulement terminal et matériel, est définitive-