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tions du bonnet, du tabouret, du brevet, qui tiennent une si grande place dans les Mémoires. C’est si bon pour la médiocrité de trouver des ridicules au génie. Cela venge d’admirer. C’est exquis ! Le ridicule de Saint-Simon, pour nous autres révolutionnaires, ce sont ces questions d’étiquette dont l’esprit moderne ne comprend pas plus le sens que la portée… Et, en effet, l’étiquette comme le blason, ces deux langues mortes, qu’on ne parle plus, n’en furent pas moins deux langues superbes… L’étiquette et le blason, méprisés maintenant par les polissons de notre âge, symbolisaient des choses sur lesquelles a vécu des siècles la plus ancienne des monarchies connues, et Saint-Simon est le dernier historien de cette monarchie, dont son grand esprit pressentait la ruine prochaine, et qu’il défend avec le courage et l’acharnement de l’épouvante, car il savait qu’il ne la sauverait pas ! Comme Bayard, il défend seul la tête de ce pont ; mais ce pont s’est écroulé. Après Saint-Simon, il n’y a plus d’historiens pour la monarchie française, il n’y a plus que des ennemis.


VII


Et ce n’est pas seulement un grand historien que Saint-Simon, c’est le légiste du droit monarchique de la France, dans toute la vérité et la majesté de sa