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avec une faulx longtemps aiguisée par ses vices… Seulement, cet homme-là, dans Dubois, le passionné, le haineux, l’ambitieux, le jaloux Saint-Simon, ne pouvait pas le voir, et ni Drumont non plus, puisqu’il émet le doute qui ferait de Dubois le satanique que tiennent à voir en lui tous les superficiels de l’Histoire, c’est-à-dire que, par une haine d’une machiavélique profondeur contre Saint-Simon, Dubois aurait subi, sans protester, l’ambassade donnée à Saint-Simon par le Régent, parce que Saint-Simon, son ennemi, devait immanquablement s’y ruiner… Ni Saint-Simon ni son publicateur ne révèlent donc la vérité sur les étonnantes, les renversantes dépêches à Dubois ; et le mot de l’énigme sur l’homme le plus entier qui fut jamais et qui semble se rompre tout à coup en deux dans une contradiction mortelle, est un mot qui reste encore à deviner.

Et ce sera là le principal intérêt de cette publication. Nulle d’affaires, comme je l’ai dit plus haut, l’ambassade d’Espagne n’eut d’autre importance politique que des mariages entre des enfants, et sans ces stupéfiantes adorations à Dubois, qui jurent si cruellement avec le caractère connu de Saint-Simon, de cet homme qui semblait fait d’un seul morceau comme un bloc de granit volcanisé, il n’y aurait rien à y chercher… Le portrait du roi et de la reine d’Espagne, l’esquisse du grand portrait des Mémoires, ne fait point partie des dépêches de l’am-