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à conclure, et où les deux diplomates qui s’y trouvent ne sont que des capitonneurs de situation, mis entre deux gouvernements pour les empêcher de se heurter, il n’y a guères, au fond, que deux correspondants, au fait, comme tout le monde, des choses de leur époque, et qui tâtonnent dans les événements pour y trouver des solutions dont ils n’ont jamais la certitude. Dans ces lettres, vous ne trouvez rien d’absolu, de péremptoire, de dominateur. On n’y reconnaît pas la plume qui écrivit ce magnifique Essai sur le socialisme, qui fît croire un jour que Donoso Cortès avait du génie ! Ici, il n’est pas plus grand que ce Raczynski inconnu qui n’avait pas donné, lui, les mêmes otages à la renommée. Pythias et Damon diplomatiques, leur puissance d’observateur peut s’équilibrer, et les voilà égaux tous deux dans un livre médiocre, publié par un homme qui croit probablement encore plus au génie de la diplomatie qu’au leur, comme le danseur Marcel croyait au génie du menuet !

Triste production et triste résultat ! Seulement, ce genre de livres, — qui n’ont pour se recommander que la fonction diplomatique de ceux-là qui les écrivirent, et qui n’ajoutent à ce qu’on sait aucune grande vue nouvelle ou aucun fait important de nature à modifier ou à éclairer puissamment l’histoire, — heureusement ! ne sera pas éternel. Il n’embarrassera pas peut-être bien longtemps encore la Critique de son encombrement ! Un jour, qui ne paraît pas éloigné, ce