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cette influence des climats qui a régné dans beaucoup de systèmes, et dont le dernier partisan est Taine, qui meurt intellectuellement de cette idée-là. La supériorité relative des peuples, leur originalité, leurs diversités de mœurs et d’instincts, Louis Faliés ne les explique point par ce milieu, si commode, si superficiel, si vite trouvé et si cher au Matérialisme contemporain. Il ne croit, lui, qu’à la race. La race, selon lui, décide de tout dans la différence des peuples entre eux. Des naturalistes avaient eu déjà cette pensée ; mais d’historien qui en eût fait un principe absolu, je n’en connais pas. Faliés l’a posée nettement au début de son livre, cette question de race, comme le lampadaire de l’Histoire, et cela donne une sensation charmante ! On respire enfin d’être sorti du vieil étouffoir des climats où depuis si longtemps on a fait suffoquer l’humanité, et l’on se dit qu’après tout voici une nouvelle manière de battre le jeu de cartes de l’Histoire ! Mais la sensation ne dure pas. Les premières pages franchies, on est désabusé. Après quelques affirmations empruntées à des sciences d’hier, pédantesques dans leur langage comme tout ce qui ne sait pas encore grand’chose, l’auteur des Études retombe à des récits qu’il nous sert en tranches et qu’il nous coupe dans des historiens peu connus, ou d’autorité contestable, qu’il ne critique pas, dont il ne discute pas la valeur, et qu’il suit, comme le chien suit son maître. Et ce sont ses maîtres, en effet. Sans eux,