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lante : « D’où venait cet homme qui, de son autorité, se rangea parmi les maîtres du monde, et dont le nom est un des noms les plus retentissants du passé ? » Et aussitôt il commence, pour ne plus l’interrompre, cette magnifique histoire d’Hildebrand, qui fut pape même avant d’être pape, dit-il quelque part avec une merveilleuse étendue d’expression, tant les hommes virent de bonne heure sur le front prédestiné de ce moine, soit dans la paix du cloître, soit dans l’orage des affaires où il fut mêlé, la place naturelle de la tiare.

Et, quoique rapide, son récit n’a rien oublié. Parce qu’il a voulu tout d’abord écrire l’histoire de cette Mathilde qui a été comme sa sirène historique, et qu’il l’a écrite en réalité, il n’a pas renfermé le Grégoire qu’il nous donne dans le cadre de guerre et de résistance contre l’Empire où Mathilde et le grand pape se sont unis de patriotisme et d’effort.

Renée a pris le pontife partout où il est le pontife. « L’histoire de Grégoire VII — dit-il — est celle du monde à cette époque, mais c’est surtout l’histoire de deux fameuses luttes, car ce grand homme eut à lutter également contre l’Empire et contre l’Église. » La lutte contre l’Église, dans laquelle Mathilde n’était pas, du moins au même degré que dans l’autre lutte, il s’en préoccupe peut-être davantage. Il pèse plus sur l’action du réformateur dans Grégoire que sur celui du défenseur du droit de l’Église vis-à-vis des odieux