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II

Personne dans l’histoire, excepté Mathilde peut-être, qui partagea la gloire de sa vie et la gloire aussi de ses injures, ne fut plus calomnié que Grégoire VII, le Charlemagne de l’Église. Amédée Renée, dans un appendice de son livre, se retourne vers les historiens calomniateurs, et il en cite quelques-uns, mais il ne les a pas cités tous. Il a cité le docte Bayle, qui, pour diffamer Grégoire et la comtesse, invente un jésuite au douzième siècle, lequel affirme, dans un style de cuistre de tous les siècles, les trop grandes privautés de la comtesse et de Grégoire et la captation des biens de cette dévote par ce directeur… Il a cité le docte Voltaire, qui conclut la thèse de Bayle par cette incomparable impertinence, que « Grégoire aurait été un imbécile s’il n’avait pas employé le profane et le sacré pour dominer la comtesse Mathilde ». Il a cité le docte Sismondi, qui trouve, lui, le grand appréciateur de femmes ! que l’âme de Mathilde avait été formée de toute l’aveugle superstition de son sexe. Il a cité enfin le très docte Daunou, l’oratorien apostat, qui fait de Grégoire un tourmenteur de peuples, doué d’un zèle inconsidéré qui lui venait d’une persuasion incurable… Et à tous ces doctes il a ajouté le docte Guizot, calomnia-