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voir davantage dans ce livre ! La sévérité indignée, qui fait l’histoire pathétique et lui donne son plus beau caractère, y manque aussi, et je la regrette ; mais, si la grande moralité n’est point là encore, du moins l’immoralité n’y est plus !

Comme dans la plupart de ses dernières publications : Madame du Barry, Louis XV, le Maréchal de Richelieu, Capefigue n’a point, dans sa Gabrielle d’Estrées, diminué les fautes ou grandi ceux qui les commirent. Il n’a point essayé de rendre l’adultère ou joli, ou imposant, ou intéressant, ou excusable à quelque degré que ce soit. Il y a bien une phrase dans l’introduction où il est question de l’image gracieuse de l’amour d’Henri IV et de Gabrielle ; mais c’est de suite fini, et l’auteur, qui a encore ce vieux œil de poudre sur la pensée, ne retourne plus à cette bergerie : il redevient et reste sérieux. Il ne rêve pas, sous la toque verte de Gabrielle, l’ébouriffante capacité politique qu’il a naguère supposée sous la cornette de madame de Pompadour. Il ne fait pas Henri IV, ce séducteur de l’histoire, — on ne sait vraiment ni comment ni pourquoi, — un homme plus séduisant que Gabrielle ne fut elle-même une femme séduite. Il ne drape rien de leurs faiblesses ou de leurs vices à l’un ou à l’autre. Il est enfin, sur le compte de tous les deux, de la vérité la plus nette, et cependant la plus convenablement exprimée. Mais il est indifférent à cette vérité comme un homme, un diplomate, sur le