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bon, et elle tenait pour ses maîtres, infatigable encore de fidélité. Louis XVI arrivait dans les plus heureuses circonstances, car c’est toujours une chance favorable et charmante que de succéder à un mauvais roi. Le livre de Renée s’inaugure splendidement par ces superbes espoirs que la France eut la noble folie de mettre en Louis XVI à son avènement. Seulement, commencé par l’ivresse de l’espérance, ce livre, qui n’embrasse qu’un si petit nombre d’années, finit bientôt par le jugement du désespoir. Lorsque, à la dernière page de son volume, qui se ferme quand les États-généraux s’ouvrent et quand ils deviennent les vrais rois devant le roi, déjà, de ce moment, décapité, l’auteur examine, avant de terminer, cette question, qui reviendra d’ici longtemps sous toute plume tourmentée du besoin de l’action politique : la Révolution était-elle inévitable ? il ne croit pas, et il n’ose affirmer qu’avec l’habileté d’une réforme et le cardinal de Richelieu pour réformateur on pût éviter ou détourner sous Louis XVI la crise dans laquelle l’État allait prochainement s’engloutir. Sous Louis XV, peut-être, ou sous Louis XVII, encore : mais sous Louis XVI, non ! Louis XVI, ce roi au-dessous de Louis XIII, n’aurait gardé aucun ministre, fût-ce Richelieu ! « Il n’avait pas plus — selon Renée — l’ascendant et la force de consommer une grande réforme, que de conduire une révolution. » Et voilà par quel dernier mot l’auteur de Louis XVI le cloue dans une irrémé-