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pendance de son allure, à la suite du considérable écrivain. Il ne fut point enfin le caudataire servile d’une œuvre vaste, mais traînante, qu’il releva d’ailleurs, dans ce dernier volume, avec un geste que Sismondi n’aurait jamais eu !

C’est, en effet, un frappant contraste avec la manière de Sismondi que le dernier volume de cette longue histoire. Les autres sont suisses, celui-ci est français. Certes ! Amédée Renée n’est point de ces esprits qu’on fait venir d’Amiens, ou même d’ailleurs, pour être Suisses, mais, si l’on crut que dans la circonstance il aurait la condescendance de l’être un peu, par procédé de légataire ou par souci de l’illusion à produire sur les honnêtes gens qui voulaient avoir leur Sismondi complet, on se trompa du tout au tout, et l’on fut bien vite désabusé. Renée resta Français, et Français de Paris, et nous eûmes une histoire pénétrante souvent, brillante parfois, mais vivante toujours, et toujours écrite ; car il est toujours ce que Sismondi n’est jamais, dans le sens aiguisé du mot : je veux dire un lettré et un écrivain. L’auteur de Louis XVI et sa Cour[1], qui fut aussi le traducteur de Chesterfield et de Cantu, est d’instinct, d’éducation et d’étude, un esprit vraiment littéraire, qu’on aime à retrouver présent dans l’historien alors qu’il manie avec le plus de préoccupation les choses de l’histoire,

  1. Firmin-Didot.