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hontes restées telles. Mais ils s’étaient abstenus encore jusqu’ici de toucher au linge sale de La Grange-Chancel. Ils laissaient ses œuvres dormir dans les éditions de Hollande. Et d’ailleurs, à distance, il ne les tentait pas. L’auteur des Philippiques, jetant l’imprécation à son temps, l’attaquait dans son impiété et ses mœurs. C’était un moraliste, seulement c’était un moraliste qui, pour entretenir son indignation et sa verve, se permettait très bien le tableau… Qui sait ? le tableau hardi, violent, brûlant, rachèterait la morale, en vengerait !… On se résolut donc à le publier. Nous allons savoir tout à l’heure si on a eu le dédommagement sur lequel on comptait peut-être, et si moralité, peinture, parti pris, exagération ou mensonge, tout ne se vaut pas dans La Grange-Chancel.

II

Le nom attaché à cette édition des Philippiques fait écho à une gloire si militaire et si chrétienne qu’il est impossible de ne pas le remarquer, et qu’on se demande si ce de Lescure est un descendant du pieux héros de la Vendée. Tout arrive en France, disait Talleyrand après La Rochefoucauld, mais qu’un descendant du saint du Poitou écrive une Histoire des mai-