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avait fait longtemps la guerre du Maine sous le nom de M. Jacques qu’on lui donnait encore…

— Par Dieu ! fit le baron de Fierdrap, qui tressaillit à ce nom comme à un coup de carabine, il est bien connu ce pseudonyme-là dans le Maine ! Il y a insurgé assez de paroisses. Il y a fait lever assez de fertes ! Il y est resté assez glorieux ! M. Jacques ! Mais Jambe-d’Argent lui-même se courbait devant l’intrépidité et le génie de général de M. Jacques ! Seulement, mademoiselle, il devait être mort vers cette époque, si c’était celui-là ?…

— Oui, on l’avait cru mort, reprit mademoiselle de Percy, mais, après avoir échappé aux Bleus, il s’était réfugié en Angleterre, où les Princes l’avaient chargé d’une mission personnelle auprès de M. de Frotté ; et c’est pour cela qu’il était venu de Guernesey à la côte de France dans ce canot de Des Touches, où il ne pouvait tenir qu’un seul homme, et qui faillit cent fois sombrer, sous le poids de deux ! Pour supprimer tout fardeau inutile, ils avaient ramé avec leurs fusils…

M. de Frotté était alors sur les confins de la Normandie et de la Bretagne, cherchant à ranimer des insurrections expirantes… M. Jacques alla seul l’y joindre et revint quelque temps après à Touffedelys, grièvement blessé.