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rarement dans ce temps-là et comme maintenant on n’en voit plus ! s’intéressant déjà à ces types dans lesquels la bonhomie, la comédie et le burlesque se mêlaient, avec tant de caractère, à des sentiments hauts et grands ! Or, si elle vous a intéressé, c’est bien heureux pour cette histoire, car sans lui elle serait enterrée dans les cendres du foyer éteint des demoiselles de Touffedelys, dont la famille n’existe plus et dont la maison de la rue des Carmélites, à ces cousines de Tourville, est habitée par des Anglaises en passage à Valognes ; et personne au monde n’aurait pu vous la raconter et vous la finir ! puisque, vous venez de le voir, cette histoire n’était pas finie ! Mademoiselle de Percy ne l’avait pas achevée, et elle ne l’acheva jamais. Elle en était restée à cette rougeur sur laquelle l’abbé avait mis avec un seul mot une lumière qui avait révolté sa sœur. Mademoiselle de Percy avait foi en Aimée, et les sentiments de cette âme robuste ne chancelaient point. Aimée de Spens garda son secret, et mademoiselle de Percy garda son respect pour Aimée. Elle mourut, la croyant la Vierge-Veuve, comme elle l’appelait, digne d’entrer au ciel avec deux palmes, les deux palmes des deux sacrifices accomplis ! L’abbé, qui avait le tact d’un grand esprit, ne fit jamais une réflexion et ne parla jamais du