Page:Barbey d’Aurevilly – Du dandysme et de Georges Brummell.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les temps, puisque la vanité est universelle. Ce qu’on pourrait appeler la corde du Dandysme dort, pour s’éveiller, au milieu des trente-six mille cordes qui composent ce diable d’instrument si compliqué et parfois si détraqué de la nature humaine. Mais c’est l’Angleterre qui l’a le mieux fait retentir ! On a cité Richelieu et on l’a opposé à Brummell, pour faire sentir la différence qu’ont mise entre eux la société et la race, à ces deux fats, bâtis sur le même pilotis ! Richelieu, en effet, avait la corde du Dandysme, mais sa vibration était couverte en lui par d’autres vibrations plus puissantes. Un Dandy encore, d’avant les Dandys, comme Richelieu, avant même que la chose nommée Dandysme fût nommée et que des observateurs à l’analyse superfine l’eussent étudiée comme une chose en soi, fut Lauzun — Lauzun, bien plus fort que Richelieu, quoiqu’il n’ait pas pris Port-Mahon…

Il avait pris plus difficile… C’était la grande Mademoiselle et il la prit tout seul — ce que ne fit pas Richelieu pour Port-Mahon. — Chose à noter ! il la prit surtout par le Dandysme qui était en lui, sans qu’il s’en doutât — ni elle non plus ! Lauzun était digne d’être Anglais. S’il l’eût été, il aurait fait un des plus magnifiques Dandys de l’Angleterre. Il avait l’égoïsme an-