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plir[1]. Plus tard même il lui fut ôté. Les gouvernements qui devraient classer les hommes, quand ils les placent à rebours de leur vocation, croient-ils avoir fait beaucoup pour eux ? Le temps que Brummell passa à Caen fut une des plus longues phases de sa vie. La Noblesse de cette ville montra, par l’accueil qu’elle lui fit et la considération dont elle l’entoura, que les ancêtres des Anglais étaient des Normands. Cela put lui adoucir, mais non lui épargner les angoisses qui déchirèrent ses derniers jours. M. Jesse a fait le compte de ces abaissements, de ces douleurs : nous, nous les tairons. Pourquoi les raconter ? C’est du Dandy qu’il est question, de son influence, de sa vie publique, de son rôle social. Qu’importe le reste ? Quand on meurt de faim, on sort des

  1. Il lui fallait des hommes à séduire, et on lui donna des affaires à régler. Si le caprice, si le bonheur fou de la moitié de sa vie ne l’avaient pas rendu impropre à tout ce qui est fonction et devoirs publics, il y avait peut-être en lui des facultés de diplomate que l’on pouvait utiliser. On dit peut-être ; on n’appuie pas. Lord Palmerston a trop montré ce que le Dandysme peut devenir en politique, lorsqu’il est seul. Henri de Marsay est une bien tentante fantaisie ; mais c’est une destinée faite par un poète. On ne dit pas qu’il soit impossible ; mais c’est le moins possible des héros de roman.