Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 1.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’ici, mais les sentiments vrais se devinent. J’ai cru autrefois que vous aviez sur moi de méchants desseins. Je sentais en vous une rivale. Je sentais que vous deviez aimer comme moi Ryno de Marigny.

— Non, je ne l’aimais plus, — reprit Vellini ; — je l’avais aimé ! Si je vous suivais dans la foule, si je cherchais à lire dans votre âme à travers votre blanc visage, c’est que je ne pouvais comprendre que le Ryno qui avait été à moi pût être à vous !

— Ah ! si j’en avais été trop fière, — dit Mme  de Mendoze, qui ne plia pas plus qu’elle ne se révolta sous cet arrogant mépris, — j’en aurais été bien punie. Une plus belle que moi m’a vaincue,

— Une plus belle que nous deux, madame ! — repartit Vellini, touchée de cette grandeur modeste et cherchant à s’y associer en se faisant justice. — Vous étiez déjà plus belle que moi ; mais si je ne comprenais pas qu’il pût vous aimer, lui, c’est que je connaissais, c’est qu’il me racontait votre amour.

— Hélas ! madame, — reprit la pauvre comtesse à qui son tendre cœur ne reprochait rien, — comment donc était-il, votre amour, puisque le mien vous faisait pitié ?

— Oh ! le mien !… — reprit Vellini, en rejetant sa tête en arrière, avec un éclat dans la