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avoir peur d’être remarquée et pour cela cache son visage dans ses mains ?…

— Je ne vois pas très bien… — répondit Mme d’Artelles, se penchant en avant à cause d’un pilier qui lui cachait la personne dont parlait M. de Prosny.

— Eh bien, c’est la comtesse de Mendoze !

— Par exemple !!!

— Oui, c’est elle ! — reprit M. de Prosny. — C’est cette pauvre comtesse, victime du monstre heureux qui se cambre si bien à l’autel dans ce moment. Admirez-vous une telle rencontre ?… Le cœur romanesque a eu la même idée que la femme perdue, et le plus grand des romanciers, le Hasard, a voulu que toutes les deux assistassent au mariage de leur ancien amant, à quatre pas l’une de l’autre, de manière que… de manière que… en reconduisant sa femme à sa voiture, ce Marigny du diable pourra voir ses vieilles conquêtes orner de leur présence son triomphe d’aujourd’hui. »

Il y avait dans l’accent de M. de Prosny le sentiment d’envie d’un vieux vaniteux oxydé, qui aurait savouré dans sa jeunesse, avec la férocité d’un cœur sec, la jouissance égoïste qu’il attribuait à Marigny, et qui, ne l’ayant point goûtée, se vengeait alors à en médire.

Mme d’Artelles reconnut Mme de Mendoze.

« Il ne manquerait plus — dit-elle — que