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sages, profils délicats ou fiers, mises recherchées et simples sur lesquelles brillait, de temps en temps, l’étoile en diamants de quelque ordre. Chose qu’on remarqua dans cette foule imposante, les femmes étaient en majorité. Un mariage d’amour, c’est une fête pour elles ! et elles y vinrent comme à une fête, élégantes, parées, dans leurs plus charmantes toilettes du matin, souriantes, rêveuses, intéressées, curieuses surtout ! curieuses de voir l’une des plus riches héritières de France prendre pour époux et pour maître un simple gentilhomme sans titre, pauvre comme Job, joueur comme les cartes, et libertin, disait-on, comme le Valmont des Liaisons dangereuses. Pour des Françaises, chez qui les folies de cœur sont si rares, cela méritait d’être vu !

On avait placé deux fauteuils en velours cramoisi, à crépines d’or, avec des coussins de même couleur, sur la marche supérieure du maître-autel. C’est là que les mariés devaient s’asseoir pour entendre la messe. Quand M. de Marigny monta jusque-là, en donnant la main à Mlle de Polastron, il y eut, dans ce monde qui les connaissait pourtant tous les deux, parmi les hommes, un murmure d’admiration pour elle, et parmi les femmes, un silence pour lui.

Sans doute, on les jugeait dignes l’un de