Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Marmor de Karkoël, parti pour les Grandes-Indes, la malle pleine de l’or qu’il nous a gagné. On ne le reverra jamais. L’autre…

« — L’autre ? — fis-je étonné.

« — Ah ! l’autre, — reprit-il, avec un clignement d’œil qu’il croyait bien fin, — il y a encore moins de danger pour l’autre. C’est le confesseur de la comtesse. Vous savez, ce gros abbé de Trudaine, qu’ils ont, par parenthèse, nommé dernièrement au siège de Bayeux.

« — Chevalier, — lui dis-je alors, frappé d’une idée qui m’illumina, mieux que tout le reste, cette femme naturellement cachée, qu’un observateur à lunettes comme le chevalier de Tharsis appelait hypocrite, parce qu’elle avait mis une énergique volonté par-dessus ses passions, peut-être pour en redoubler l’orageux bonheur, — chevalier, vous vous êtes trompé. Le voisinage de la mort n’a pas entr’ouvert l’âme scellée et murée de cette femme, digne de l’Italie du seizième siècle plus que de ce temps. La comtesse du Tremblay de Stasseville est morte… comme elle a vécu. La voix du prêtre s’est brisée contre cette nature impénétrable qui a emporté son secret. Si le repentir le lui eût fait verser dans le cœur du ministre de la miséricorde éternelle, on n’aurait rien trouvé dans la jardinière du salon. »

Le conteur avait fini son histoire, ce roman