Page:Barbey d'Aurevilly-Les diaboliques (Les six premières)-ed Lemerre-1883.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.

guste silence au fond duquel on joue enveloppé.

« Ainsi, dans ce vaste salon plein de gens pour qui l’arrivée d’un Anglais était une circonstance peu exceptionnelle, personne, excepté la table du marquis, ne prit garde à ce whisteur inconnu, remorqué par Hartford. Les jeunes filles ne retournèrent pas seulement la tête par-dessus l’épaule pour le voir. Elles étaient à discuter (on commençait à discuter dès ce temps-là) la composition du bureau de leur congrégation et la démission d’une des vice-présidentes qui n’était pas ce jour-là chez Mme de Beaumont. C’était un peu plus important que de regarder un Anglais ou un Écossais. Elles étaient un peu blasées sur ces éternelles importations d’Anglais et d’Écossais. Un homme qui, comme les autres, ne s’occuperait que des dames de carreau et de trèfle ! Un protestant, d’ailleurs ! un hérétique ! Encore, si ç’eût été un lord catholique d’Irlande ! Quant aux personnes âgées, qui jouaient déjà aux autres tables lorsqu’on annonça M. Hartford, elles jetèrent un regard distrait sur l’étranger qui le suivait et se replongèrent, de toute leur attention, dans leurs cartes, comme des cygnes plongent dans l’eau de toute la longueur de leurs cous.

« M.  de Karkoël ayant été choisi pour le