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IV

« J’ai ouï dire souvent à des moralistes, grands expérimentateurs de la vie, — dit le comte de Ravila, — que le plus fort de tous nos amours n’est ni le premier, ni le dernier, comme beaucoup le croient ; c’est le second. Mais en fait d’amour, tout est vrai et tout est faux, et, du reste, cela n’aura pas été pour moi… Ce que vous me demandez, mesdames, et ce que j’ai, ce soir, à vous raconter, remonte au plus bel instant de ma jeunesse. Je n’étais plus précisément ce qu’on appelle un jeune homme, mais j’étais un homme jeune, et, comme disait un vieil oncle à moi, chevalier de Malte, pour désigner cette époque de la vie, « j’avais fini mes caravanes. » En pleine force donc, je me trouvais en pleine relation aussi, comme on dit si joliment en Italie, avec une femme que vous connaissez toutes et que vous avez toutes admirée… »

Ici le regard que se jetèrent en même temps,