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pour piano, violoncelle ou violon, soit un morceau de chant. Le pianiste, à son tour, avec cette bonne grâce et cette discrétion que ne connaissent point les plates médiocrités, qui finissent par ne plus finir après s’être laissé implorer comme des demi-dieux, se mit au piano sans se faire prier, et joua, à la demande d’un groupe, quelques-unes des Romances sans paroles de Mendelssohn. M. Durosoir, dont on se plaisait à provoquer les souvenirs, s’interrompit et prêta l’oreille à ces suaves et nébuleuses compositions. Aux prises avec une mélancolie croissante, Max, auprès de qui Clément était venu s’asseoir, s’absorbait de plus en plus dans la contemplation de Mme Thillard, dont la splendide beauté empruntait un nouvel éclat à la profusion des lumières et à l’atmosphère musicale qui l’enveloppait. Il semblait que Destroy connut l’envie et qu’il souffrît de n’avoir point à mettre aux pieds de cette femme adorable une gloire analogue à celle de son ami Rodolphe.

Animé d’une joie amère et méchante, Clément, qui, selon l’ordinaire des gens systématiquement corrompus, prétendait aux propriétés des maladies contagieuses, ne perdait pas une si belle occasion de distiller sa philosophie méphistophélique. Il voulait voir, dans le spectacle qu’il avait sous les yeux, une preuve éclatante de ses théories. D’un air et d’un accent où se révélaient ses sentiments odieux,