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exagérés. En définitive, il n’était personne qui ne tînt ce Français pour le plus inoffensif et le meilleur des hommes. Sosthènes s’était décidé à lui rendre visite.

Il n’avait qu’à se louer de l’accueil qu’il en avait reçu. Les apparences étaient loin de répondre aux commérages en circulation. Au premier abord, Sosthènes se félicita d’avoir fait ses réserves. C’était trop se hâter. Insensiblement, il se livra à des observations du caractère le plus attristant. Clément se pliait en esclave à tous les caprices de son fils ; il semblait l’idolâtrer et se complaire à lui obéir. Mais l’enfant n’était touché ni de cette affection, ni de ces complaisances ; il avait à peine ce qu’il exigeait impérieusement par des cris, qu’il redevenait impassible. Il repoussait en hurlant les caresses paternelles et avait le privilège étrange, avec sa pâleur morne, son œil dur, l’inflexibilité de sa bouche, son mutisme, de remplir son père lui-même de terreur. Quel effet ne devait-il pas produire sur les étrangers ?

Sans y être provoqué, Clément avait fait quelques confidences à son compatriote. « Tout me réussit, » avait-il dit, « je ne comprends rien à mon bonheur. » La plus désastreuse entreprise devenait excellente dès qu’il s’en mêlait. On disait effectivement dans le pays : « Heureux comme M. Clément. » En moins de onze ans, il avait amassé une brillante