Page:Barante - Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 1.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ajoutons à ces défauts littéraires un vice presque aussi commun, et qui s’y rapporte parfaitement : c’est l’esprit de servilité, qui a transformé long-temps presque tous nos écrivains historiques en historiographes officiels. « Je ne sais, dit l’abbé de Mably, si je me trompe ; mais il me semble que c’est à la lâcheté avec laquelle la plupart des historiens modernes trahissent, par flatterie, leur conscience, qu’on doit l’insipidité dégoûtante de leurs ouvrages[1]. »

Les contemporains, tout respectueux qu’ils étaient pour la puissance ecclésiastique et civile, ne tombaient point dans cette honteuse adulation : leur naïveté les en préservait. Le langage n’avait point acquis ces nuances infinies sous lesquelles la vérité peut se déguiser en mensonge. D’ailleurs, précisément lorsque le pouvoir n’est point contesté, lors-

  1. De la manière d’écrire l’histoire.