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ler, mais non point ces souvenirs animés qu’imprime en notre esprit une sorte de sympathie avec les actions, les paroles et les sentiments des êtres humains. De telle sorte que les héros fictifs de l’épopée, du drame ou du roman sont souvent plus vivants à nos yeux que les personnages réels de l’histoire.

Il y a même quelquefois dans ces jugements, tels éminents qu’ils puissent être, une sorte d’inexactitude habituelle. Se plaçant pour prononcer sur le temps passé, dans le point de vue du temps actuel, l’écrivain ne peut pas toujours apprécier avec justice les actions ni les hommes ; il les rapporte à une échelle morale qui n’était point la leur. Les faits n’étant pas mis sous nos yeux avec toutes leurs circonstances, nous nous étonnons de ce qui était simple nous ; attribuons à l’individu ce qui était de son temps ; nous nous indignons contre un acte qui