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VIII

LA FEMME DE TREIZE ANS


— Emmeline —

Peut-être faudrait-il montrer une femme après cette comédienne ; mais les procédés littéraires, j’entends les plus ingénieux et les plus délicats, sont devenus si grossiers à force d’avoir été employés, qu’il vaut mieux les oublier franchement et marcher tout droit devant soi.

Je suis à l’Opéra ; j’y reste. Si vous avez traversé les coulisses de l’Opéra pendant l’hiver de 1853, vous devez vous rappeler la furie d’enthousiasme avec laquelle on y admirait alors la beauté d’une jeune fille de treize ans, la petite Mignon, de son vrai nom Emmeline Bazin, fille de madame Bazin, marchande à la toilette dans la rue de Provence. À la classe, au théâtre, chez les directeurs, c’était un engouement passionné pour cette tête virginale et mourante, si raphaélesque sous sa chaude pâleur et sous ses cheveux noirs, plus fins qu’abondants. Les yeux ardents sous des cils démesurés,