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DEVANT LE RIDEAU



Ô Muses modernes ! vous dont les chapeaux tout petits sont des merveilles de caprice et dont les robes effrénées semblent vouloir engloutir l’univers sous des flots d’étoffes de soie aux mille couleurs, inspirez-moi ! soyez mes soleils, grappes, agrafes et nœuds de diamants ! Parfums de la poudre de fleur de riz à l’iris et du savon vert tendre au suc de laitue, donnez à cette œuvre une actualité agaçante ! Car je veux crayonner à la sanguine quelques Parisiennes, vivantes à l’heure même où je fume la cigarette que voici, avec la tranquillité d’un sage. Pourtant, je le sais de reste, il serait plus prudent mille fois de lutter contre Price et contre Bonnaire, contre l’homme au tremplin et l’homme à la perche, et il serait plus facile aussi de monter, comme nous l’avons vu faire, au sommet d’une échelle que rien ne soutient, et de jouer là, sur la quatrième corde,