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jeune, charmant et adoré, car je m’appelle Prime, Actions, Obligations ; je m’appelle robe de dentelles, parure et carrosse ! Mes dents sont noires ? Non, tant que Janisset vendra des perles de Ceylan et d’Ophir ! En vérité nous avons changé tout cela, et je n’aurai pas les yeux éteints et chassieux tant que j’aurai les mains pleines de diamants. Aujourd’hui, Lovelace, c’est Cassandre : place à Lovelace !

La Comédie déchire son bandeau de vigne et de grappes noires.

Ohimè ! s’écrie-t-elle, qui me rendra les comédiens au gros sel, les comédiens de la vieille gaieté et de la farce illustre, dont l’arrivée faisait dire dans les auberges : V’là les comédiens, serrez les couverts ! Poëte, ne parle pas. Je lis dans tes yeux que tu photographies ton portier ! Écoutez-moi, mes bons serviteurs. À défaut de Plutus et des Oiseaux, qu’on se rappelle la tragédie de Scapin et de Zerbiriette, et vous, tombez, masques ridicules ! Arlequin, reprends la rose qui fait aimer, et toi ta face de clair de lune ! Il me faut la vie, la passion, le regard flamboyant, le mot rapide, l’épigramme au tranchant d’acier, le vin dans les verres et le rire aux dents blanches, la lyre harmonieuse et le fouet sanglant, la joie bien portante et la sainte ironie : souvenez-vous que je viens d’Athènes !


FIN