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Vous riez, messieurs ; le lendemain, Jodelet, traité par M. B… comme un prince de la science, donnait au journal un travail qui occupa pendant un an les revues anglaises et allemandes, et qui fut l’origine d’une polémique où furent dépensés des prodiges de patience et de génie.

— Alors, dit le musicien, Jodelet devint décidément, cette fois-là, un littérateur célèbre.

— Bon ! reprit Verdier, vous ne le connaissez pas encore ! il avait eu soin d’effacer sa signature sur les épreuves. Quand on le chercha pour l’accabler de remerciements, il avait irrévocablement disparu.

— Alors, il doit y avoir une dernière rencontre !

— Il y en a une, dit sentencieusement le critique, et celle-là, c’est précisément mon chapitre à effet, celui qui vaut seul un long poëme !

Il va sans dire, qu’à ce moment-là, on s’écria comme dans les comédies :

— Écoutons ! écoutons !

— Encore par un jour de soleil, dit Verdier, je me trouvai arrêté sur le Pont-Neuf par un embarras de voitures.

L’une de ces voitures était une carriole normande attelée d’un bidet. Dans cette carriole, il y avait deux hommes. L’un maigre, bilieux, impatient, faisait claquer son fouet et se donnait un mal inouï pour dégager la carriole ; l’autre, calme, digne, obèse comme un vieux chinois, frais comme un champ de roses et de lys, était majestueusement appuyé au fond de la voiture et semblait attendre les événements, avec l’impassibilité du juste chanté par Horace.

Celui-là, c’était Jodelet.

— Mon ami, me dit-il d’une voix grave, j’ai enfin