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fin rencontré votre ami habillé en Scapin, en Pasquin ou en Basque. Ce serait plus complet.

— Je l’ai pardieu bien vu ainsi, reprit Verdier, et dans quelle circonstance, grands dieux ! Je travaillais depuis six mois seulement au journal qui me fait l’honneur de me compter depuis vingt ans au nombre de ses collaborateurs. Le rédacteur en chef, M. B…, l’honnête et grand journaliste que vous savez, donnait un dîner auquel avaient été conviées toutes les illustrations des sciences et des arts. Bien entendu, je me bornais à écouter, et, ce jour-là, je devinai tout de suite combien de choses j’avais à apprendre ! Seul, parmi tous les convives, l’Amphitryon où l’on dînait me parut être resté un peu au-dessous de sa renommée.

Malgré cette parfaite courtoisie que vous lui connaissez, M. B…, passionné avant tout pour son journal, ne pouvait dissimuler une excessive impatience. Une heure avant le repas, il avait appris qu’une maladie grave retenait au lit le grand écrivain dont les articles Variétés étaient alors l’événement en vogue dans tout le monde lettré. Il fallait laisser passer les nouvelles publications sans donner à un public, très-attentif dans ce temps-là, la suite des admirables travaux critiques qu’il attendait avec une réelle impatience.

Comme je songeais, à part moi, à cette insurmontable difficulté, mon attention fut tout à coup attirée par un des laquais qui servaient à table : ce valet, rose et blond, coiffé en Nicodème avec une queue et une cadenette, portait une culotte à agrafes et un habit rouge trop court, qui visait évidemment à rappeler la petite souquenille de Brunet.

Affairé ; haletant, agile comme le clown le plus excentrique des théâtres de Londres, ce singulier domestique